Actualité

Survivre à la survie. Chili : une mémoire déchirée

Veronica Estay Stange

18 sept 2023 à 19h

Présentation du livre en présence de l'auteure. 

Modération : Hector Vásquez, président AEXPPCH-France

Verónica Estay Stange est née en 1980 au Mexique. Elle est docteure en langue et littérature françaises. Elle est cofondatrice et présidente du collectif Histoires désobéissantes - Chili. Filles, fils et descendants de tortionnaires pour la mémoire, la vérité et la justice, ainsi que vice-présidente de l’Association des ex-prisonniers politiques chiliens en France. Fille d’exilés politiques chiliens, Veronica n’a jamais connu la répression ou la torture, pourtant elle les ressent jusque dans sa chair. Elle n’a pas grandi dans son pays, pourtant il lui manque cruellement. Condamnée à vivre des émotions par rebond, nostalgique d’un passé qu’elle n’a pas vécu, c’est une exilée de l’exil. Fille de victimes, elle est aussi la nièce d’un des bourreaux et traîtres les plus connus de la répression chilienne, Miguel Estay, dit El Fanta. Comment réconcilier ces deux hérédités ?

 

Avec la participation de : Ivan Darrault-Harris, sémioticien (Université de Limoges), docteur Honoris causa à l’Université de Cuyo, Argentine et Gilles Achache, philosophe, directeur de la collection « Liberté de l’Esprit » chez Calmann-Lévy.

 

Dans un essai qui conjugue harmonieusement récit personnel et réflexions, Verónica Estay Stange s’interroge : comment l’héritage de la mémoire affecte ceux qui en sont les dépositaires ? Comme tant d’autres déracinés, elle tente de se réapproprier son passé dans une quête passionnante, parfois drôle, souvent émouvante. Verónica Estay Stange mène avec brio une enquête personnelle, philosophique et littéraire aussi intime qu’universelle. « […] Ces ex-prisonniers politiques : elle n’avait jamais osé les approcher. À leur contact, elle retrouve quelque chose qu’elle cherchait depuis longtemps. Un autre fragment d’un rêve brisé en mille morceaux. […] Elle se voit sororiser, fraterniser avec eux. “Ne sororise pas trop ! Tu es la nièce d’un tortionnaire ; la souffrance des victimes n’est pas tout à fait la tienne […] ” Au bout de plusieurs rencontres, l’un des camarades lui pose la question : “Veux-tu nous rejoindre ?” Oui, oui, oui, elle le veut bien. Évidemment, elle veut bien. Pendant des années, elle l’a souhaité plus que tout autre chose au monde. La fille de victimes accepte, reconnaissante, honorée. L’autre, la nièce du bourreau, se tient à l’écart : « à ton tour, maintenant ».